On a beaucoup parlé du déficit démocratique des défuntes commissions scolaires, mais comment se porte celles de nos municipalités? À l’automne 2017, une grande majorité des candidats ont été élus par acclamation, c’est-à-dire, sans « adversaire », sans besoin de faire campagne, mais surtout, sans choix pour les citoyenNEs. Sommes-nous en bonne posture pour 2021 ?

Après avoir jonglé avec la perspective de reporter les élections en 2022, le gouvernement du Québec semble finalement vouloir maintenir l’échéance électorale de l’automne 2021. Dans un peu plus d’un an, les personnes habiles à voter seront donc invitées à manifester leurs préférences mais ont-elles vraiment autant de choix qu’il n’y paraît ?

Pas vraiment… si on se fie aux statistiques du directeur général des élections du Québec pour le scrutin municipal tenu à l’automne 2017.

DÉFICIT DÉMOCRATIQUE : QUELQUES CHIFFRES

Cette année-là et dans les 1 100 municipalités du Québec, 8 015 postes de conseillers(ères) et de maires(ses) étaient en élection. De ce nombre, seulement 3 470 connaîtront le test électoral (43%) alors que la grande majorité des candidats, 4 545 ou 57%, seront élus « par acclamation »… ou « par dépit » pourrait-on nuancer pour plusieurs. Pour ce qui est de la place des femmes, elles comptent pour 32,3% des élus, une légère hausse de 2,4% par rapport à 2013.

Ce déficit démocratique est particulièrement perceptible dans les petites communautés réparties dans les différentes régions du territoire québécois, ce qui n’est guère rassurant quant à l’état de la gouvernance politique et de la vie démocratique.

Quant au taux général de participation au Québec, il s’établissait à 45%, une baisse comparativement au taux de 47 % observé en 2013. Même dans certains districts électoraux de plus grandes villes, le taux de participation n’atteignait pas 35 %.

POURQUOI CE DÉSINTERESSEMENT?

Pourtant, c’est au niveau municipal que se prennent les décisions qui ont le plus d’impacts sur notre qualité de vie au quotidien. Alors, à quoi ce désintéressement de la chose municipale tient-il ? Sans doute au cynisme d’un nombre grandissant d’électeurs et de quiconque qui souhaite faire de la politique active. Les débats sur la place publique des derniers mois ne sont guère rassurants.

Par exemple, ces dernières semaines, ce n’est pas les trois alertes rapprochées de « smog » qui a retenu l’attention des élus de la grande région métropolitaine. La qualité de l’air que nous respirons aura cédé le pas aux questions d’argent dans l’actualité municipale: un bien triste spectacle. À titre d’exemple, à Longueuil, le débat sur la rémunération abusive de la mairesse et du marchandage du salaire éventuel des conseillers municipaux, ont fait les manchettes.

«Peut-on parler de choses qui ont ou auront un impact réel sur notre humble mieux-vivre dans nos villes? Pour le reste, n’accaparez-pas la place publique, parlez-vous entre vous!». Tweet ça