La présence de parti politique au niveau municipal serait-elle devenue une trop grande distraction? Sommes-nous en train de nous éloigner, pour la couleur de notre chandail, des citoyens? Dans certaines municipalités, les jeux politiques des élus enveniment la saine gouvernance de la ville aux profits d’intérêts partisans. La question est d’actualité : 50 ans après leur création, les partis municipaux sont-ils encore souhaitables?

UN OBJECTIF LOUABLE

Depuis les années 1970, les partis politiques municipaux se sont graduellement implantés, d’abord dans les grandes villes, puis un peu partout sur tout le territoire québécois. Leur éclosion a d’ailleurs été encouragée par le gouvernement du Québec. La loi sur le financement des partis politiques mise en place avait notamment l’objectif très louable de favoriser l’émergence de visions globales de l’avenir des différentes collectivités locales, au-delà des choix individuels de nos élus ou des préoccupations strictement locales.

50 ANS PLUS TARD…

Il est acquis que les formations politiques ont permis de définir et de clarifier les choix offerts aux électeurs.

À Montréal et à Québec, les différences de philosophie politique très marquée entre les partis « civiques », des maires Drapeau et Lamontagne et ceux dits « populaires », des maires Doré et L’Allier, en sont les exemples les mieux connus.

Plus près de chez-nous, il y a eu la lutte entre le Parti municipal de Longueuil et Action Longueuil, puis entre Action Longueuil et Longueuil Citoyen. Aujourd’hui, plus aucune de ces formations politiques existent encore, les deux dernières étant devenues de facto inopérantes avec le choix d’un nombre majoritaire d’élus de siéger comme indépendants.

DES LEÇONS À TIRER

Des leçons doivent être tirées de ces expériences. Ce seront tantôt les changements de leaders, tantôt l’instauration de ligne de partie trop étroite et rigide ou parfois les ambitions personnelles et la partisannerie à outrance, qui seront venus à bout de ces partis politiques et de leurs objectifs..

Dans d’autres cas, comme la Commission Charbonneau l’a démontré sans ambiguïté, le besoin de financement aura amené certains partis à verser dans la corruption - les « retours d’ascenseur » contre des contrats juteux - pour financer des campagnes électorales « clé en main ».

UNE GOUVERNANCE POLITIQUE D’ABORD

Ce n’est pas tant la présence de partis politiques, ou non, qui est en cause mais bien la qualité de la gouvernance politique. Pour les citoyens-contribuables, il n’y a point de salut - parti politique en guise d’accessoire ou non - sans une saine gouvernance politique des affaires de la ville. Celle-ci est l’ensemble des règles collectives, plus ou moins formelles, permettant aux élus et aux citoyens de participer aux décisions et à leur mise en œuvre..

« Bref, il n’y a pas de véritable démocratie municipale sans une gouvernance d’abord soucieuse de l’intérêt des citoyens ». Tweet ça

Le véritable leader est celui ou celle qui s’inspirera de cette vision pour être en mesure, en tant que maire ou mairesse, de réunir les meilleurs talents autour des projets. Sans ce leadership rassembleur, c’est le citoyen qui sera le vrai perdant.