Les temps ont changé! Notre ennemi est désormais infiniment petit. Et le plus grand bouclier réside dans notre capacité à nous solidariser!

Plusieurs parlent de temps de guerre. Je préfère l’expression utilisée par la philosophe française Claire Marin qui explique que « la crise que nous vivons n’est pas une « guerre » mais une rupture qui nous met à l’épreuve dans l’intimité de nos vies » *

En guerre, on va vers l’ennemi, précise-t-elle. Ici, on cherche à l’éviter. La seule guerre qui existe est celle du personnel soignant qui, comme en temps de guerre, déploie une énergie surhumaine dans des environnements et des conditions difficiles et très exigeantes. Ils ont toute notre admiration. Il y a aussi tous ceux qui prennent le risque d’assurer une continuité des services essentiels, œuvrant souvent dans l’ombre. Merci, merci, merci.

À l’échelle humaine, nous sommes confinéEs et observons la distanciation sociale. Nos vies sont passées d’une vitesse vertigineuse à un rythme lent. On réapprend à cuisiner, on enseigne à nos enfants, on converse longuement avec nos amis, on s’informe de la santé des gens qu’on aime. On prend le temps de veiller aux besoins de nos parents qui sont plus vulnérables que nous face au Covid-19. On prend de longues marches et on se surprend à observer la nature qui respire un peu mieux depuis notre ralentissement.

Comme le reste du monde, nous sommes sur pause. Les pauses nous paraissent courtes quand on sait ce qui nous attend. Elles sont interminables quand on ignore la suite.

Et quand on ralentit, on a plus le temps de penser… On se recueille en pensant aux personnes qui ont perdu des êtres chers. On espère une réorganisation sociale plus juste. On imagine diverses solutions économiques pour surmonter l’abysse financier qu’a créé le Covid-19. On se surprend à scénariser un monde meilleur... Puis on se regarde. Quel rôle jouera-t-on dans ce futur? Et si la rupture actuelle qui nous met à l’épreuve dans l’intimité de nos vies laissaient des traces… Nos priorités pourraient changer de façon durable!

«Seul un effort collectif, un fort élan d’altruisme, nous tirera de cette pause à l’échelle mondiale. Et espérons que nous prenions goût à agir dans un intérêt social.
Ça, cela pourrait changer le monde post-Covid-19!». Tweet ça

* Entretien de Nicolas Truong avec Claire Martin publié au « Monde » le 24 mars 2020