Longueuil adoptait en 2013 un plan stratégique de développement durable (PSDD), un outil qui positionnait Longueuil comme ville dynamique et novatrice. Les objectifs étaient clairs et les ambitions, grandes.

Dans les années qui ont suivi, de nombreux plans et politiques ont été développés, de quoi meubler une bibliothèque complète, mais les gestes concrets et francs pour les réaliser sont, depuis 2013, plutôt rares. Et voilà que le choix retenu pour le traitement des matières organiques laisse pantois.

ÉCRAN DE FUMÉE SUR UN DOSSIER STRATÉGIQUE ET IMPORTANT

L’actualité nous apprend que l’Agglomération de Longueuil envisage de financer l’agrandissement des installations de Varennes pour faire traiter ses matières organiques résiduelles plutôt que de construire une nouvelle usine à Longueuil.

La décision, qui reposerait sur un coût de traitement unitaire beaucoup moins élevé à Varennes, aurait déjà été prise sans être préalablement soumise au conseil municipal de Longueuil comme le voudrait la procédure.

Si on se fie aux médias, les soumissionnaires potentiels n’auraient eu que deux semaines pour répondre à l’appel de propositions de la Ville de Longueuil, un délai un peu court pour un projet aussi important. Les tenants et aboutissants de la décision n’ont pas fait non plus l’objet de beaucoup de discussions en dehors du cercle restreint des maires de l’agglomération.

L’information, distillée à la goutte, laisse donc plusieurs questions dans l’expectative.

BEAUCOUP DE QUESTIONNEMENT

Par exemple, il aurait été intéressant de savoir si d’autres scénarios ont été évalués, dont celui de l’implantation d’une usine à Longueuil qui aurait pu vendre du biogaz comme source d’énergie à une entreprise voisine dans la zone aéroportuaire de Saint-Hubert. En plus de représenter une source de revenu, on aurait ainsi diminué considérablement les coûts de transport. Quel aurait été l’impact sur le coût du traitement de chaque tonne de matière putrescible ? Quelles hypothèses, dont l’émission des gaz à effet de serre (GES), ont été prises en compte dans l’équation de la décision ? On se souviendra d’ailleurs qu’à l’occasion du récent contrat pour le tri, alors que l’encre des signatures était à peine séchée, l’Agglomération de Longueuil a dû décaisser des M $ additionnels : en sera-t-il de même avec la biométhanisation ?

CLARIFIER LES ENJEUX ET ASSUMER SES DÉCISIONS

Si l’agrandissement de l’usine de Varennes était la meilleure des solutions, on devrait s’empresser d’expliquer pourquoi. Il se pourrait également que la Ville de Longueuil, en raison des nuisances qui y sont associées, ne souhaite pas de l’implantation d’une usine de biométhanisation sur son territoire. C’est un choix politique qui se défend. Mais il faudra alors concilier cette décision avec les objectifs du PSDD visant notamment à contrer les GES et les changements climatiques. Si le traitement des matières putrescibles résiduelles prenait place à Varennes, des tonnes de (GES) seraient générées par le transport. On aura alors compris que le Plan stratégique de développement durable de Longueuil n’est que du vent.